Une semaine au cœur des associations paysannes du Sénégal : coup de cœur!
Dès notre arrivée sur le sol sénégalais, en dépit de la chaleur écrasante, je savoure la chance inouïe de vivre cette semaine de découvertes et témoignages. Olivier Hauglustaine, Secrétaire Général de SOS Faim, nous rappelle à Jean-François, Nicolas et moi, les valeurs et les missions de SOS Faim et nous détaille le programme chargé qui nous attend. Je suis encore plus motivée d’aller à la rencontre des acteurs de terrain.
Cette semaine intense débute à l’île de Gorée. Plantée au large de Dakar, l’île fut le plus grand centre d’esclaves de la côte africaine, du XV au XIX ème siècle. Elle est le lieu symbolique de la mémoire de la traite négrière et la visite de la Maison des esclaves s’impose à chaque visiteur comme un moment de recueillement. L’émotion est au rendez-vous. En mettant nos pas de blancs dans les pas des esclaves noirs, je m’interroge sur les responsabilités vis-à-vis des injustices imposées aux populations locales, qu’elles soient issues d’un passé que tout le monde récrimine ou, plus insidieuses, celles de nos jours, dictées par des appétits économiques et nos comportements consuméristes au quotidien…
À la rencontre des partenaires de SOS Faim
Les jours suivants, les rencontres au sein des associations paysannes de la région de Diourbel et de Mekhé, et les visites d’exploitations familiales ne font que renforcer ce sentiment d’urgence à soutenir toute initiative visant la sécurité foncière et alimentaire.
Les témoignages des agriculteurs, des femmes et des responsables d’associations nous aident à mieux comprendre les défis auxquels ils font face : lutter contre le réchauffement climatique et créer des emplois attrayants pour les jeunes.
Nous avons partagé leur repas et une part de leur quotidien en arpentant avec eux leurs champs de mil, de niébé… Ils nous ont démontré sur place les bienfaits de la régénération naturelle assistée. Cette technique agro-forestière stimule la régénération naturelle des espèces ligneuses et favorise le rendement de l’espace agricole.
Nous avons foulé les parcelles de légumes gérées par des groupements de femmes. Nous avons mesuré les progrès générés par l’énergie photovoltaïque au niveau collectif et individuel. Les motopompes par exemple permettent d’acheminer l’eau vers les parcelles maraîchères ou encore d’accéder à l’électricité dans les maisons.
Ici, chaque membre de la famille a sa mission et sa responsabilité au sein de l’exploitation familiale grâce à la transmission des savoirs de génération en génération.
Se regrouper pour améliorer leur condition de paysans
J’ai entendu la détermination de tous et particulièrement celle des femmes pour aller de l’avant, se regrouper autour d’initiatives mutualistes, accéder au microcrédit générateur d’un cercle vertueux de progrès et la possibilité qu’elles ont ainsi de défendre leurs droits.
J’ai gouté le pain que le boulanger produit pour le village et l’école, à partir des récoltes de mil, la céréale locale. Et la possibilité ainsi de mieux sécuriser leur alimentation dès lors qu’ils ne dépendent pas d’une denrée importée. J’ai vu le sourire éclatant de la cuisinière devant sa marmite qui mijote grâce au biogaz issu du biodigesteur installé l’an dernier avec l’aide de son association. J’ai écouté les récits de jeunes revenus au pays après avoir suivi les chemins terrifiants de l’émigration.
J’ai vu la vitalité d’hommes et de femmes en recherche de solutions dignes pour assurer leur souveraineté alimentaire et enrayer l’exode rural des jeunes. 3000 groupements familiaux se sont fédérés en 31 associations paysannes pour bénéficier de soutien logistique et de formations. Ils apprennent à gérer le budget familial ou encore à introduire de nouvelles variétés mieux adaptées au climat ou encore à produire des semences certifiées.
Ces associations sont chapeautées par la FONGS (Fédération des ONG du Sénégal). Cette fédération permet d’avoir une vision cohérente, d’unir les efforts face aux pouvoirs locaux et de faire entendre leur voix auprès des instances politiques nationales ET internationales.
Leur cause est aussi la nôtre ! Notre manière d’agir et de consommer ici a des incidences que nous ne pouvons plus ignorer sur la vie des paysans là-bas !
Merci aux membres de la FONGS qui ont mis tout en œuvre pour nous recevoir avec tant de gentillesse et d’intérêt partagé, spécialement à Messieurs Babacar Diop, Président de la FONGS (Thiès), Paul Thiao, Coordinateur de l’URAPD (Bambey), Ousseynou Gueye, Coordonnateur de JIG-JAM (Fissel), Fallilou Diagne, Président de l’UGPM (Mekhé) et Aminata Diene qui nous a accompagnés toute cette semaine.
Anne-Françoise Neyts
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