Arariwa, le gardien des terres
[ARTICLE] Supporterres Sept 2019- Région de Cusco, au sud-est du Pérou. Une zone perchée à 3400 mètres d’altitude au milieu de la Cordillère des Andes.…
Alors que la décennie de l’agriculture familiale vient d’être promulguée par l’Assemblée des Nations Unies avec l’espoir d’une réelle prise de conscience de sa capacité à « nourrir le monde », les paysans de Arte Andino allient artisanat à agriculture pour subvenir à leurs besoins.
Lors de notre voyage en Bolivie, nous avons fait étape à Aramasi, un village de la région montagneuse de Cochabamba, pour rencontrer des membres d’Arte Andino, une association d’artisans membres de notre partenaire bolivien, la RED OEPAIC. Notre but : prendre la mesure de l’intérêt et la complémentarité de l’artisanat dans les revenus des agriculteurs. Nous avons été étonnées de constater que l’artisanat était, en fait, leur revenu principal.
Certains paysans peuvent se permettre de commercialiser une partie de leur production. Pour d’autres, c’est impossible. Cela mettrait en péril leur sécurité alimentaire. En effet, les récoltes suffisent à peine à nourrir les familles et la production est peu diversifiée. L’agriculture est donc insuffisante pour assurer tous les frais d’un ménage (éducation, santé, etc.).
Comment expliquer ces productions en quantité limitée ? Le climat participe pour beaucoup. De plus en plus aride, il ne permet pas une production suffisante pour dégager un surplus. Quant aux infrastructures d’acheminement ou de stockage d’eau, elles ne parviennent à pallier le manque d’eau. La vétusté, voir l’inexistence des infrastructures routières constitue un frein supplémentaire au développement du commerce agricole. Sans compter les moyens financiers qui font défaut pour l’achat de terres ou de matériel agricole. De même pour la main-d’oeuvre qui déserte les campagnes et gagne les villes pour travailler ou étudier.
C’est là qu’intervient Arte Andino. L’association forme les paysans et les paysannes au tissage. Cela leur permet de vendre leur production dans un magasin à Cochabamba à un prix juste. Arte Andino leur vend une laine de bonne qualité, à 5% de plus que le prix de gros, ce qui alimente le fond de matières premières de l’association. Les artisans sont payés pour leur production chaque mois à date fixe. Et ce, que celle-ci ait été vendue ou pas. Une sécurité financière précieuse pour des paysans qui ne sont jamais sûrs de leurs revenus agricole.
Bien qu’ils aimeraient diversifier leur production pour leur consommation propre, les paysans d’Aramasi n’envisagent pas de développer davantage leur activité agricole. L’artisanat leur semble être une réponse adaptée à leurs besoins.
Cette solution leur paraît plus facile et plus prudente ; elle ne dépend ni du climat, ni de la bonne volonté de l’État, éléments centraux de la vie des paysans boliviens.
Rédaction : Justyna Dunin-W, bénévole
Cet article est tiré du Supporterres n°3 de mars 2018 « Le Pachamama dans tous ses Etats ». Pour en savoir plus sur nos partenaires et bénéficiaires boliviens, découvrez le numéro complet.