Ce que pensent les Belges de l'Aide au développement
Alors que les engagements des Etats membres de l’Union européenne quant au montant alloué à l’aide au développement ne sont jamais atteints, une récente enquête de la Commission Européenne démontre son importance aux yeux des citoyens.
En 2002, dans le cadre des Objectifs du Millénaire, les pays développés s’étaient engagé à consacrer 0,7% de leur richesse nationale à l’aide publique au développement à l’horizon 2015. Treize ans plus tard, à l’heure de dresser un bilan, seulement quelques pays ont atteint cet objectif. Si l’on prend en compte les chiffres de 2014, les quelques bons élèves se comptent sur les doigts d’une main : le Danemark, la Suède, la Norvège, le Luxembourg et le Royaume-Uni.
Les chiffres ne sont pas encore connus pour 2015 mais il est vraisemblable que le volume d’aide n’aie pas augmenté par rapport à l’année précédente. En 2013-2014, l’aide totale des pays donateurs de l’OCDE plafonnait alors à 135 milliards de dollars, soit seulement 0,29% de leur revenu national brut (RNB).
La Belgique, un bon élève ?
En ce qui concerne la Belgique, depuis 2010, on observe des baisses successives. L’aide au développement stagne désormais autour de 0,45% du RNB. Pire, le gouvernement fédéral envisage des coupes budgétaires avec 150 millions d’euros de moins dès 2015 et jusqu’à 279 millions d’euros en 2019 dans l’aide au développement . De belles régressions en perspective.
Pour Arnaud Zacharie, Secrétaire Général du CNCD-11.11.11 : « La première condition pour que l’aide soit efficace est qu’elle existe en quantité suffisante. Or le compte n’y est pas, loin s’en faut ! L’aide continue de représenter, dans plusieurs pays comme la Belgique, une variable d’ajustement budgétaire dont les populations les plus pauvres du monde sont les victimes. »
Les ONGs ne sont pas les seules à souhaiter une augmentation de l’aide au développement
La Commission Européenne a publié les résultats d’enquêtes qu’elle mène annuellement sur le ressentiment des citoyens européens quant à l’aide développement.
Il en ressort que :
- 86% des belges considèrent les politiques de soutien aux populations des pays en développement comme importantes. Au niveau européen, ce chiffre grimpe même à 89% .
- 53% des belges pensent que le gouvernement belge devrait respecter sa promesse de consacrer 0,7% du RNB à l’aide au développement. 13% de plus, soit 66%, souhaite même que notre pays aille au delà de ses engagements.
- Par ordre d’importance, les belges considèrent qu’il faudrait avant tout s’attacher à résoudre les problèmes d’éducation (45%), de paix et de sécurité (40%) puis de santé (33%).
- 73% des belges considèrent que l’aide au développement contribue à un monde plus juste et participe à l’objectif de paix. 72% pensent que l’aide au développement pourrait être également une solution efficace aux migrations.
Autant de chiffres qui pourraient être une source d’inspiration pour les gouvernements européens qui érigent des murs à leurs frontières…
Les citoyens sont aussi prêts à montrer l’exemple
58% d’entre eux sont disposés à payer plus pour un produit issu d’un pays en développement pour soutenir sa population. 55% sont directement impliqués dans des actions d’aide au développement : en étant volontaire dans une organisation, en réalisant des donations, en prenant part à des événements…
En septembre 2015, les Objectifs de développement durable étaient adoptés par les décideurs mondiaux. Ils devraient coûter entre 3 500 et 5 000 milliards de dollars par an, voire davantage. Rien de ne permet aujourd’hui d’affirmer que la Belgique respectera ses engagements de consacrer 0,7% de son budget à la coopération au développement pour contribuer à cet ambitieux projet. Les citoyens sont en tout cas nombreux à le souhaiter…