Soutenons les productrices de lait de Dahra
Au Sénégal, SOS Faim soutient des mini-laiteries car elles sont l’un des piliers de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des zones rurales. Leur développement permet en…
Ce 1er juin, à l’occasion de la Journée mondiale du lait, SOS Faim s’associe à la campagne portée par de nombreux acteurs locaux, régionaux et internationaux, en coordination avec Oxfam, pour défendre et promouvoir le lait local en Afrique de l’Ouest.
Découvrez le communiqué de presse « Ensemble pour un lait équitable ».
Le lait est une matière première secouée par des enjeux globaux. En plus des éleveurs africains, ces enjeux concernent les producteurs européens de lait, qui se trouvent dans une situation économique très difficile. Cette situation a d’ailleurs peu de chances de s’améliorer avec l’accord de libre-échange que l’Union européenne s’apprête à négocier avec la Nouvelle-Zélande – pays qui assure à lui seul plus de 20% des exportations mondiales de lait. Le 22 mai dernier, les 28 États membres du Conseil de l’Union européenne ont adopté le mandat autorisant la Commission à ouvrir les négociations avec la Nouvelle-Zélande. Le lait est aussi au cœur de débats animés au Pérou, dans une affaire qui pose de sérieuses questions sur la qualité des produits alimentaires vendus à grande échelle aux consommateurs.
Mais au fait, qu’est-ce que le lait ? Le scandale du lait au Pérou montre que la réponse est moins simple qu’on pourrait le penser. Depuis le mois de juin 2017, le groupe agro-alimentaire péruvien Gloria, responsable à lui seul de plus de la moitié des ventes de lait sur le marché péruvien, est sérieusement mis en cause en raison de la qualité du lait qu’il propose aux consommateurs.
Origine du scandale : une plainte de l’Association nationale des éleveurs du Panama, qui a dénoncé le caractère trompeur du « lait » concentré de la marque Pura Vida du groupe Gloria, puisqu’il s’agissait plutôt, selon elle, d’une « boisson aromatisée et colorée se faisant passer pour du lait ». En réaction, le gouvernement panaméen a décidé de suspendre l’importation de ce produit, en précisant qu’il ne respectait pas les critères autorisant à le mettre en vente sur le marché.
Ce que l’on reproche à ce « lait », c’est d’être le résultat d’une série de manipulations industrielles qui donnent lieu à un produit de piètre qualité pour les consommateurs. Alors qu’ils pensent acheter du lait condensé proche dans sa composition du lait naturel, ceux-ci ingurgitent en fait un mélange de lait en poudre, d’eau et de produits chimiques.
Sans surprise compte tenu de la position dominante de Gloria sur le marché péruvien, ces événements ont été suivis d’un scandale retentissant au Pérou. Des organisations partenaires de SOS Faim se sont mobilisées sur cette question, à l’image du Consorcio Agroecológico Peruano et de CONVEAGRO (Convención Nacional del Agro Peruano), qui ont joué un rôle de premier plan dans le débat public sur ce « lait qui n’est pas du lait ». Alors que le Consorcio Agroecológico a été engagé dans une campagne grand public de dénonciation menée par l’une de ses organisations membres, l’association de consommateurs ASPEC, CONVEAGRO a également soutenu l’action de l’un de ses membres, l’Association des éleveurs laitiers du Pérou (AGALEP).
AGALEP et CONVEAGRO ont ainsi participé au travail de plaidoyer devant mener à l’approbation d’une loi visant à interdire l’utilisation du terme « lait » par des groupes industriels proposant en fait un mélange de poudre de lait importée, de graisse de soja transgénique et de divers additifs chimiques, visant notamment à épaissir le produit final. Le résultat de ces manipulations a été exposé publiquement par AGALEP : le « lait » en question contient beaucoup plus de graisses et de matières solides que ce que contient un lait naturel.
Autre aspect souligné par CONVEAGRO et AGALEP : la poudre de lait utilisée par les industriels est en grande partie importée, dans des conditions facilitées par les divers accords de libre-échange que le Pérou a conclus ces dernières années, y compris avec l’Union européenne, dans le cadre d’un accord que le Parlement wallon peut encore rejeter. Dans le même temps, le prix payé pour leur lait aux éleveurs péruviens, qui dépendent dans une large mesure de l’industrie pour la vente et la transformation, n’a pas évolué depuis 2001. La marge bénéficiaire des industriels sur le lait a quant à elle augmenté considérablement sur la même période. Producteurs et consommateurs sont donc les victimes des pratiques de grandes entreprises – et de Gloria au premier chef – faisant passer leur profit avant tout autre intérêt.
Signe de l’importance des images et des mots, le groupe industriel mise en cause a dans un premier temps retiré l’image de la vache qui figurait sur ses emballages et renommé le produit « mélange lacté composé d’extraits de soja, de maltodextrine et de graisse végétale ». Après ce changement forcé et peu appétissant, l’entreprise a pris un autre tournant en janvier 2018, en se choisissant un nouveau nom, l’ancienne « Gloria S.A. » devenant « Leche Gloria S.A. », ce qui inscrit le lait (« leche ») dans son nom. Voilà une manière étonnante de répondre à la critique de vendre du « faux lait » aux consommateurs.
Découvrez le communiqué de presse « Ensemble pour un lait équitable ».