Le riz, or blanc de l’Afrique de l’Ouest…
DYNAMIQUES PAYSANNES N°44 / Novembre 2017 - La crise alimentaire mondiale de 2008 a bien évidemment également touché l’Afrique de l’ouest et l’une de ses…
La « biodiversité », comme élément constituant de la Nature, est devenue de plus en plus présente dans le discours politique et social comme quelque chose à préserver et promouvoir. Mais cela reste quand même un concept complexe à définir et, par conséquent, sa valeur est difficile à calculer. Connaître ses complexités est pourtant essentiel pour comprendre son pouvoir de changement et de résistance.
Par définition, la biodiversité fait référence à la variété des êtres vivants, à la variété de leurs caractéristiques et des écosystèmes dont ils font partie et qu’ils font fonctionner. La Nature est remplie d’utilités fournies par les organismes, par exemple, la capacité des plantes à capter le CO2 et générer de l’oxygène, le recyclage de la matière par les microorganismes du sol ou encore la pollinisation par les abeilles, choses dont la valeur est relativement facile à concevoir.
Mais attention : l’utilité de la biodiversité n’est pas exactement les êtres vivants et leurs effets dans la Nature. Elle est également liée à la richesse des différences entre les organismes et leurs interactions : le concept de « biodiversité » inclut en effet une idée d’abondance des différents êtres vivants et une idée de complexité des relations qui sont alors établies entre ces différentes parties. Ce sont ces relations qui définissent le comportement d’un écosystème : sa capacité à fonctionner proprement, à réagir face aux perturbations et, enfin, à s’autoréguler.
L’utilité de la biodiversité est facile à voir dans un contexte agricole. L’agrobiodiversité fait référence à la variété des organismes qui contribuent à la production des aliments (et à l’agriculture dans un plus large sens), ainsi qu’aux connaissances qui y sont associées. Parfois, l’agrobiodiversité englobe aussi la diversité d’autres espèces qui habitent dans les paysages agricoles.
Ainsi, plus une ferme est diverse (plusieurs espèces cultivées, différentes variétés), moins grand sera l’impact global sur la ferme d’une crise qui affecte l’une de ces espèces (par exemple, le mildiou qui infecte les tomates). C’est ce qu’on appelle la valeur écologique de la biodiversité, car la présence des différences a permis à l’écosystème (dans ce cas, la ferme) de résister. C’est l’un des principes fondamentaux de l’agroécologie. Mais la biodiversité a bien d’autres valeurs.
Les économistes définissent souvent la valeur des entités naturelles en termes de coûts que leur perte entrainerait.
Quel serait le coût de maintenir de manière artificielle la composition de l’atmosphère, l’apport de nutriments et la pollinisation s’il n’y avait pas de Nature pour en fournir ?
La biodiversité, telle qu’on l’a définie, est la source de la qualité de ces « services écosystémiques », le pilier sur lequel leur fonctionnement et leur résilience reposent. Si une espèce disparait, si plusieurs espèces disparaissent d’un écosystème, de plusieurs écosystèmes, la capacité de régulation des cycles de la Nature (tels qu’on les connaît), disparait aussi. Pour avoir une idée de la valeur économique de la biodiversité, on peut alors se demander : quel est le coût de la perte de la machinerie de la Nature ? C’est vertigineux…
La biodiversité a aussi une valeur pratique. Nos modes de vie subsistent grâce à la diversité dans la Nature – pensons aux médecines, traditionnelles et industrielles, basées sur les composés chimiques trouvés dans différents êtres vivants. On parle aussi d’une valeur scientifique : la richesse biologique est aussi richesse de connaissances qui nous permettent de mieux comprendre le monde. Et culturellement ? La valeur de la biodiversité est reflétée dans les innombrables expressions culturelles (symboles des communautés, rituels, œuvres d’art…) des divers peuples qui s’inspirent toujours par les différentes formes de la Nature.
Finalement, on pourrait aussi parler d’une valeur éthique : la biodiversité a une valeur en soi et elle mérite d’être préservée. La plupart des « hotspots de biodiversité » (des endroits où la variété naturelle est particulièrement importante) se trouvent dans les pays du Sud, protégés et mis en valeur par des populations locales.
Il semble évident alors, que la question de la biodiversité dans le monde aujourd’hui est aussi et surtout une question politique. La multiplicité des valeurs de la biodiversité devrait alors permettre à chacun de trouver facilement une raison pour y contribuer.
Rédactrice : Julia Gallardo Gómez