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La PNPR et la commercialisation du riz local : un défi ouest-africain

Commerce alimentaire • 30 mars 2022

Mali, 2006. La Fête du riz de Niono devient l’occasion, pour les riziculteurs maliens,  d’échanger avec leurs pairs ouest-africains sur le futur de la filière. Le constat est sans  appel : une structuration des producteurs en organisations faîtières s’impose. C’est ainsi qu’en 2008, la PNPR-M (Plateforme Nationale des Producteurs de Riz du Mali) voit le jour. La structure malienne s’impose tout de suite comme chef de fi le du mouvement, ce qui aboutit, en 2011, à la création du Cadre Régional de Concertation des Organisations des  Producteurs de Riz de l’Afrique de l’Ouest (CRCOPR).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La PNPR, qui déploie ses actions à travers 7 plateformes régionales, se donne pour  mission de faciliter le dialogue entre les producteurs, de défendre leurs intérêts et d’influencer les politiques en leur faveur. La tâche est ardue mais l’organisation
est tenace : elle mobilise tous les acteurs autour de l’Interprofession de la Filière Riz au Mali (IFRIZ-M), rejoint la TASK FORCE Riz du Mali du Ministère de l’Agriculture et engage un infatigable plaidoyer auprès des autorités.

ACHATS INSTITUTIONNELS, UN DISPOSITIF « WIN-WIN-WIN »

En 2014, ses efforts sont récompensés : le Gouvernement met enfin en place une stratégie de valorisation du riz local à travers des achats institutionnels. Dans la pratique, une partie de la production est achetée par l’État et destinée à la constitution du SIE (Stock d’Intervention de l’État) : en période de soudure, ça garantit aux consommateurs du riz à un prix raisonnable. « En faisant des stocks structurés, on négocie un bon prix pour  tout le monde » se réjouit Abdoulaye Koureissy, coordinateur national de la PNPR.

Dans cette affaire, tout le monde est gagnant : la PNPR est légitimée dans son action, la production et la commercialisation du riz local sont boostées et la sécurité alimentaire assurée. Certes, il y a encore du travail à faire : l’opération doit être formalisée par un acte administratif et son financement pérennisé. Mais le changement est déjà en route : en  vendant à l’État, les producteurs gagnent jusqu’à 23% de plus, ce qui leur permet de  mieux vivre de leur travail.

LA CONCURRENCE DU RIZ IMPORTÉ

Aujourd’hui, les besoins du Malien riz sont de l’ordre de 49 000 tonnes par an. S’il est vrai  que la production locale couvre environ 90% du volume, il est vrai aussi que « tant que le  riz importé coûtera moins cher que celui local, le consommateur lambda continuera de le  choisir » déplore Abdoulaye Koureissy. « Notre chance au Mali est que le Malien aime le riz malien : de la campagne, nutritif, avec du goût. Tant qu’il a de l’argent, il n’achète pas du riz importé ».

Au début de la pandémie de COVID 19, le pays a peiné à  s’approvisionner en intrants et en riz importé, d’où une flambé des prix. À l’époque,  comme c’est souvent le cas, la  production locale avait fait la différence. Ce qui paraît alors plus évident que jamais est  que l’autosuffisance alimentaire est une urgence.

UNE RIZICULTURE PLUS AGROÉCOLOGIQUE

Le partenariat entre la PNPR et SOS FAIM apporte une partie de la solution : en renforçant les capacités techniques et financières de l’organisation, SOS Faim soutient un modèle d’innovation durable. « Nous utilisons moins d’engrais minéraux par rapport aux autres pays, on est de plus en plus dans une dynamique agroécologique » remarque  Abdoulaye Koureissy. L’application généralisée du Système de Riziculture Intensif avec les bio intrants non seulement augmente les rendements mais crée aussi de l’emploi : pour les jeunes et les femmes.

DES MESURES À VENIR POUR VALORISER LE RIZ LOCAL

Depuis qu’elle existe, la PNPR collectionne les victoires. Une grande est à venir : une disposition législative obligeant l’État à s’approvisionner en produits locaux, comme c’est déjà le cas ailleurs. Le coordinateur rappelle que « au Burkina Faso, un arrêté oblige les institutions à acheter local quel que soit le produit. Le Sénégal est parvenu à réguler les importations avec des textes qui font que si tu veux importer, tu dois acheter le même volume local ».

À travers un avant-projet de proposition de loi soutenu par des parlementaires et des élus, l’IFRIZ-M plaide pour des prix plus rémunérateurs et pour la protection des acteurs de la filière contre la concurrence déloyale des importations. D’après Abdoulaye Koureissy, l’accompagnement de SOS Faim a été crucial.

Pour l’avenir, la Plateforme souhaiterait conclure de nouveaux partenariats – notamment avec l’armée, des cantines scolaires, des hôpitaux et des ONG. La formule du succès selon Abdoulaye Koureissy ? « Dédoubler les efforts en termes de calibrage, présentation, emballages et encourager la collaboration de producteurs, transformateurs, commerçants et transporteurs sur la base d’un contrat ». Bien commencé est à moitié fait.

Rédaction Dieyenaba Faye, volontaire pour le Supporterres « Vendre à prix juste »

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