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La Voix du Paysan Congolais

République démocratique du Congo • Accès à la terre • 13 décembre 2017

Créé en 2005, La Voix du Paysan Congolais est un journal bimestriel et web au service des paysans. Dans un pays où l’agriculture paysanne occupe 70% de la population, il se veut un outil d’information et de formation du monde paysan. Et, bien sûr aussi, leur voix dans le pays.

En créant La Voix du Paysan Congolais en 2005, le CENADEP (Centre National d’Appui au Développement et à la participation populaire) souhaitait mettre à disposition des organisations paysannes du pays « un outil de communication, de plaidoyer, d’échange d’informations et d’expériences ». Car si l’agriculture occupe la très grande majorité de la population, ses sujets sont peu évoqués dans les médias généralistes. Le journal se spécialise alors dans l’agriculture, le changement climatique et le développement durable. Et à sa version bimestrielle imprimée, il ajoute, quelques années, plus tard un site web puis une présence sur les réseaux sociaux, afin d’atteindre le plus de paysans possible.

Petit à petit, le journal devient un média de référence. Et avec un tirage de 3000 exemplaires en 2010, il devient même l’un des journaux les plus lus du pays. Et pour cause : il fournit aux paysans des informations essentielles, qui n’arriveraient pas jusqu’à eux sinon.  Jean-Baptiste Lubamba, directeur de la publication, confirme l’intérêt de cette publication dans le paysage congolais : « Le gouvernement doit vulgariser les lois mais il ne fait pas ce travail. La loi agricole de 2011 n’est même pas connue à Kinshasa ! Nous ne pouvons pas laisser les paysans comme ça. ».

Informer, former et divertir

Cet accès à l’information est pourtant un enjeu crucial pour les paysans. Comment vivre décemment de son travail lorsqu’on ne sait pas que la loi prévoit un allégement de la fiscalité ou la création d’un fond pour l’agriculture ? Comment développer son activité quand les bonnes idées réalisées à un endroit avec succès ne parviennent pas aux autres qui continuent à trimer en vain ? Avoir accès à l’information, c’est pouvoir s’organiser, se projeter, se développer.

Dans ce contexte de carence des institutions publiques et alors même que La Voix du Paysan Congolais affiche sa volonté d’améliorer les conditions de vie des paysans et de développement durable du pays, le journal assume également un rôle de formateur. Dans chaque numéro, la « Fiche technique » présente en détail une technique spécifique, comme par exemple « Comment cultiver l’épinard » ou « Comment obtenir un cacao de qualité Grade 1 ». Les paysans sont très demandeurs et la rubrique est régulièrement plébiscitée. Il n’est pas rare pour Jean-Baptiste Lubamba de recevoir des appels d’agriculteurs à ce sujet.

La voix DES paysans congolais

Mais, comme son nom l’indique, le journal veut être un relais dans les deux sens. Ainsi, il donne également la parole aux agriculteurs du pays. Dans un pays qui couvre plus de 2,34 millions de km² et compte 7,7 millions de personnes souffrant de la faim, dont les deux tiers sont des agriculteurs, il ambitionne de contribuer à en faire des acteurs du développement de leur pays et d’accompagner les dynamiques existantes. Différents espaces d’expression leur sont donc réservés dans ses colonnes, leur offrant ainsi une tribune utile dans leur stratégie de plaidoyer.

Le journal est même prêt à aller plus loin et à s’engager aux côtés des paysans. En 2011, par exemple, lors de la discussion de la loi agricole, le journal a apporté un appui clair aux organisations paysannes en mettant la pression sur les parlementaires avec son titre « Pas de loi, pas de votes ! ». Un titre qui sous-entendait clairement que sans loi, les politiques n’obtiendraient pas de votes. Pour Jean-Baptiste Lubamba, le rôle joué par La Voix du Paysan Congolais dans l’adoption in fine de la loi ne fait aucun doute.

En 2010, le journal est devenu payant et le tirage a baissé (entre 700 et 1000 exemplaires). L’enjeu actuel est de diversifier les outils de communication afin de coller au mieux à chaque public cible. Concrètement, les décideurs devront être approchés davantage via les réseaux sociaux alors que ce média se révèle inadapté aux paysans qui sont davantage tournés vers la radio. Quant aux professionnels du secteur agricole, le média papier et web reste pertinent. Tel est le défi qui se pose aujourd’hui à l’équipe du journal pour adresser ses messages à ses différentes cibles et que ceux-ci soient véritablement entendus.

Dans un pays où le pouvoir d’achat est faible et l’accès à l’information si difficile, le défi est grand mais leur détermination est heureusement proportionnelle pour répondre à l’ensemble des besoins d’information du secteur agricole.

Rédactrice : Géraldine Higel, bénévole

En savoir plus

Cet article est tiré du Supporterres n°2 de Décembre 2017 : « Le paradoxe de la faim, produire sans pouvoir se nourrir ». Pour en savoir plus sur ce paradoxe, n’hésitez pas à consulter le numéro complet.

Retrouvez également La Voix du Paysan Congolais en ligne sur son site web et ses pages Facebook et Twitter.

Le paradoxe de la faim

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