Adopter l’agroécologie pour cultiver et manger plus sain
Le lendemain de notre arrivée, nous empruntons l’une des grandes routes du pays, direction plein Nord, jusqu’à Podor, à la frontière mauritanienne. Au bord du…
En se hissant au rang de « coproductrices des politiques publiques », les firmes privées bouleversent les règles du jeu de la gouvernance mondiale de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Face à des lobbys et des stratégies de communication des firmes particulièrement bien armés, les défenseurs des agricultures familiales doivent faire valoir la pertinence de leurs visions et approches.
Aujourd’hui, les effets durables de la crise financière sur les budgets publics des pays riches, réduisent les marges de manœuvre des grands donateurs de l’Aide publique internationale au développement (APD). La crise contraint aussi les pays africains à de drastiques ajustements budgétaires. L’endettement s’est de nouveau fortement accéléré ces dernières années en raison de la chute des prix des matières premières énergétiques, minières et parfois agricoles (cacao). Et ce malgré le nouveau consensus sur la nécessité de relancer le financement public de l’agriculture africaine, concrétisé notamment dans les engagements de Maputo, réitérés dans la déclaration de Malabo, de consacrer plus de 10 % des dépenses publiques au secteur agricole.
Dans ce contexte, la mobilisation du financement privé est souvent avancée comme une solution. Elle permettrait une mobilisation des compétences, connaissances et technologies à même de combler les déficits de productivité des agricultures africaines et une mobilisation des capitaux nécessaires à leur décollage.
Mais cette montée en puissance des arguments en faveur du « privé » coïncide aussi avec des transformations majeures au niveau du marché des intrants et des marchés alimentaires dans les pays du Nord : les multinationales des engrais, semences et produits phytosanitaires voient leurs débouchés traditionnels se restreindre sous l’effet d’une saturation de la demande, d’une stagnation des rendements, de l’apparition de réglementations et normes environnementales et de santé publique, et d’une rationalisation des pratiques des agriculteurs. De même, la consommation alimentaire progresse très faiblement en raison de la faible dynamique démographique. Constatant la stagnation au Nord, les firmes privées perçoivent l’Afrique, comme un marché potentiel majeur tant pour les intrants que pour les produits alimentaires (…)
Face à des lobbys et des stratégies de communication des firmes particulièrement bien armées (budgets, moyens techniques, arguments), les défenseurs des agricultures familiales peinent à faire valoir la pertinence de leurs vision et approches. Dans un contexte marqué par le triomphe de ces approches quantitatives, qu’il s’agisse de la généralisation de l’utilisation des modèles économétriques comme méthode de planification des politiques et programmes, ou qu’il s’agisse des méthodes d’évaluation des résultats ou des impacts, qui généralement ne s’attachent qu’à saisir les changements quantitatifs. Les ONG et les mouvements citoyens doivent donc continuer à exercer une veille, et une analyse critique sur la base desquelles elles pourront se positionner et déployer une activité intense de plaidoyer. Il convient aussi de soutenir l’activité de réseaux spécialisés sur différents thèmes qui recoupent les problématiques de l’investissement privé, notamment autour du modèle agricole promu : accaparements fonciers, OGM, semences et ressources génétiques, biodiversité, pesticides et perturbateurs endocriniens, responsabilité sociale et environnementale des entreprises, etc.
A lire dans Défis Sud : La version complète de cet article rédigé sur base d’une réflexion de Roger Blein (Bureau Issala).