Agroécologie : une grille d’autodiagnostic pour amorcer le…
[ARTICLE] Supporterres Juin 2019 - En 2018, SOS Faim s’est lancé un défi : introduire un dialogue sur l’agroécologie avec ses partenaires. Pour ce faire, nous…
Faut-il succomber aux diktats de la productivité et de la rentabilité à tout prix ? Quitte à laisser terres et hommes par terre, ou à côté de leurs terres, hors d’usage, sans plus de valeur. Une science, une technique ayant toujours plus raison qu’une autre, croyant détenir une solution, sinon LA solution. Il semblerait plutôt que, face à ces enjeux humains, climatiques et économiques, la véritable modernité soit couplée à un autre mot important, l’adaptation.
Cet appareil est un outil polyvalent et standard. Il s’agit d’un petit tracteur mais sans essence, une espèce de porte-outils destiné à plusieurs fins. La kassine peut aussi bien être tractée par un bœuf que par un âne. C’est l’agriculteur français, Jean-Nolle, qui en eut l’idée, ayant déjà conçu plusieurs machines à traction animale. Avec l’association Prommata (Promotion du machinisme moderne à traction animale), située en Ariège, l’utilisation de l’outil se développa en France puis dans d’autres pays du Sud. Notamment au Burkina Faso où un certain nombre de partenaires de SOS Faim l’utilisent au quotidien.
L’idée étant que, si les technologies sont transférables, elles doivent s’adapter aux contraintes sociales et culturelles de la région concernée. En effet, il est important que l’agriculteur ne soit lié à aucune technologie trop sophistiquée, chimique et génétique. Cela pourrait engendrer de fortes dépendances vis-à-vis d’un système agro-industriel qui n’est même pas forcément adapté à ses besoins. Cet outil permet aussi de représenter un mode de production qui passe outre un productivisme forcené, pouvant entraîner à terme la destruction des sols, ainsi que l’empoisonnement des eaux, et une perte de biodiversité. Non seulement cette adaptation « low-tech » écarte la pollution, mais encore, elle fait en sorte que la traction animale économise la force et l’énergie humaine, agrandit et diversifie également les surfaces cultivées, principalement au sud, en zone rurale où se pratique l’agriculture familiale.
De plus, cette machine permet d’outiller l’homme de telle manière que celui-ci poursuive son travail au lieu de s’en trouver écarté ou remplacé, ce qui peut conduire à des phénomènes d’exode rural, de hausse du chômage et, donc, à la paupérisation à terme des campagnes. L’idéal étant que les agriculteurs puissent avoir une gestion autonome de leurs moyens de travail et que ceux-ci correspondent au modèle d’agriculture équitable qu’ils veulent défendre.
Rédigé par Agron Cupishti, Volontaire pour le Supporterres « Quelle modernité pour l’agriculture durable ? »