ACTION POUR UNE INTERDICTION D’EXPORTATIONS DES PESTICIDES INTERDITS
L’agriculteur Paul François a été intoxiqué en France par un produit déjà interdit en Belgique, ne permettons pas que des agriculteurs d’’Afrique et d’Amérique Latine…
Entre 2013 et 2020, la Belgique a exporté en moyenne 5360 tonnes de pesticides interdits dans l’Union européenne (UE) vers des pays tiers. Ces exportations représentent une source de revenus non négligeable pour les entreprises agrochimiques implantées en Europe. Comment la Belgique et, a fortiori, la Commission européenne peuvent-elles continuer à légitimer ce commerce ? En tant qu’organisation de la société civile, quels sont nos moyens d’action pour stopper cela ?
Peu après les révélations fracassantes faites par l’ONG suisse Public Eye en 2020 (1) et du rôle non négligeable de la Belgique dans ces exports toxiques, la ministre de l’Environnement Zakia Khattabi (Ecolo) a pris la mesure du problème. Elle s’est donc engagée publiquement à mettre en place une mesure permettant de stopper ces exportations, sans toutefois contrevenir aux règles qui régissent le cadre légal européen (2). Après une analyse juridique, l’outil est trouvé : la ministre proposera un arrêté royal pour stopper les exportations.
Problème : cet engagement n’est pas dans l’accord du gouvernement, ce qui implique un vote en Conseil des ministres, nécessitant donc la validation de l’ensemble des ministères qui se partagent le dossier (Santé et Agriculture). L’affaire n’est donc pas gagnée d’avance, car aux aspects environnementaux de la question se mêlent des aspects « santé » et « économique ». La ministre a déjà avancé ses pions mais le gros du dossier se jouera dans les prochains mois. C’est ici que nos outils d’interpellation politique (pétition, courriels et tweets) pourront jouer un rôle de pression stratégique.
Au niveau européen, fin 2020, la Commission se fendait d’un communiqué en voulant mettre fin aux exportations de pesticides interdits « en donnant l’exemple et en encourageant une approche cohérente (3) ». Nous ne pouvons qu’abonder en ce sens. Pourtant, dans sa feuille de route 2023, cette mesure s’est malencontreusement échappée du programme. Depuis, des sources internes ont confirmé le maintien du dossier mais force est de constater que la pression citoyenne s’avèrera nécessaire pour que cessent ces exportations toxiques.
SOS Faim a donc amené une série d’organisations belges à se fédérer au sein d’une coalition afin de traiter ce sujet. Un dossier de plaidoyer va sortir prochainement, en espérant que les autorités se montrent réceptives aux arguments avancés et que les négociations aboutissent positivement.
Rédacteur : Jonas Jaccard, chargé de plaidoyer
(1) Public Eye et Unearthed, « Pesticides interdits : l’hypocrisie toxique de l’Union européenne », 2020.
(2) L’Écho, « Khattabi veut mettre fin aux exportations de produits chimiques interdits », 22 mars 2022
(3) Commission européenne, « Pacte vert: la Commission adopte une nouvelle stratégie dans le domaine des produits chimiques, vers un environnement exempt de substances toxiques », communiqué de presse du 17 octobre 2020.
Rendez-vous sur le site www.stop-pesticides.be pour signer la pétition et interpeller nos responsables politiques.
Cet article est tiré du Supporterres de décembre 2022 « Interdits ici. Exportés là-bas. Mortels partout »