Le développement territorial : de la théorie à…
Dynamiques paysannes N°45 / Novembre 2018 - Depuis près de 20 ans, SOS Faim appuie des démarches de développement territorial, particulièrement en milieu rural. Pourquoi…
Jusqu’à la fin décembre, trois de nos collègues vont dédier une partie de leur temps aux systèmes de stockage de sécurité. Le savoir-faire de SOS Faim en la matière va s’ajouter à celui d’Oxfam, de l’IRAM, d’Inter Réseaux et du LARES pour accompagner la CEDEAO dans un programme de redéploiement de ces dispositifs. Focus sur un outil qui contribue à lutter contre la faim en période de pénurie.
Les systèmes de stockage de proximité étaient plus connus, dans les années 1970, via l’une de leurs composantes : les « banques de céréales ». L’objectif était de permettre aux paysans et aux populations des territoires ruraux de continuer à pouvoir se nourrir lorsqu’ils ont épuisé leurs provisions.
D’un côté, il y a l’approvisionnement groupé qui permet aux familles de pouvoir continuer à s’approvisionner en période de pénurie à des prix corrects et sans parcourir des kilomètres. Les villages, les organisations paysannes constituent des stocks en période d’abondance, c’est-à-dire après les récoltes, lorsque les prix sont plus bas, et ils les écoulent à des prix abordables, en période de soudure, c’est-à-dire entre la fin des provisions et la récolte suivante.
De l’autre côté, il y a la commercialisation groupée qui, elle, permet aux paysans de vendre leurs excédents à des coopératives qui, ensuite, se chargent d’organiser des ventes groupées. Leurs revenus sont alors à la fois meilleurs et moins fluctuant.
UN DISPOSITIF DELAISSE PENDANT DES DECENNIES
Très à la mode dans les années 1970, ces systèmes de stockage de proximité apparaissaient alors comme LA solution pour lutter contre la faim. Mais malheureusement, du fait de nombreux échecs, ils ont progressivement été délaissés.
Malgré cette désaffection, SOS Faim a choisi de poursuivre son travail de soutien à ces dispositifs, convaincue que, sans être suffisants, ils pouvaient, dans certains contextes et dans certaines régions, apporter des réponses efficaces.
Ainsi, à la fin des années 1990, à la demande de la FNGN (Fédération Nationale des Groupements Naam), SOS Faim a décidé de soutenir leur réseau de banques de céréales et de les accompagner dans leur projet. L’idée était alors de tirer les leçons du passé, en étudiant les causes des échecs et les raisons des succès.
LE RENOUVEAU DEPUIS LA CRISE DE 2008
Avec la crise alimentaire de 2008, les bailleurs de fonds ont commencé à redécouvrir ces systèmes et y retrouver de l’intérêt.
Les premiers obstacles franchis, SOS Faim a alors organisé, en février 2016, avec Oxfam, un atelier sur les systèmes de stockage de proximité : SOS Faim y apportait son expertise sur l’approvisionnement groupé et Oxfam sur la commercialisation groupée. L’objectif de cet atelier, pour les ONG, était alors de partager leurs expériences et inviter bailleurs et autorités nationales à s’approprier et, in fine, soutenir ces dispositifs.
On peut dire que cet atelier a été un succès puisqu’à sa suite, l’Union Européenne a finalement décidé de soutenir la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest) dans la mise en place de ce type de dispositifs.
SOS FAIM, EXPERTE EN APPROVISIONNEMENT GROUPE
Forte de son expertise en la matière, SOS Faim s’est alors associée à Oxfam et à d’autres structures pour accompagner l’Union Européenne dans le déploiement de ce programme : l’IRAM, un bureau d’études français spécialisé dans le développement rural, le LARES, Laboratoire d’Analyse Régionale et d’Expertise sociale basé au Bénin et Inter Réseaux, spécialiste des questions de développement rural.
Jusqu’en décembre, cette équipe d’experts va travailler à produire 3 types de documents, les deux derniers découlant du premier :
Déjà deux réunions du Comité ont eu lieu, regroupant notamment les membres de la plateforme, des représentants des organisations paysannes et de la CEDEAO. La prochaine réunion aura lieu en octobre pour présenter les premières ébauches des modules techniques. La fin du programme est, quant à elle, prévue en décembre.
A suivre !
Sur les dispositifs d’approvisionnement groupé, découvrez le travail que mène SOS Faim au Burkina Faso avec son partenaire Viim Baoré
En matière de commercialisation groupée, découvrez également le travail que mène SOS Faim au Burkina Faso avec son partenaire UGCPA.
Photo (c) Roger Job